Nous
entrons par la douane de Mwanza entre Tête et Blantyre.
Immédiatement des
rabatteurs nous accostent pour faire le change, nous assister dans les
démarches et nous vendre une assurance. Nous les envoyons tous
balader. Les formalités sont simples, pas besoin de visas
et
rien à payer.
Carnet de passage en douane tamponné. Quant à
l'assurance, celle que nous avons
pris en Namibie couvre
aussi
le Malawi. Elle est indispensable,
la police la réclame lors des contrôles
routiers.
Il existe un distributeur Visa à 100 m de
la douane et dès la sortie on se retrouve immédiatement
millionnaire
en Kwachas !
So British, on roule toujours
à gauche et on parle encore l'Anglais. Dès que nous
entrons dans le pays, les premiers reliefs apparaissent et bien que la
population soit toujours aussi pauvre. Les
commerces sont
aussi plus nombreux et mieux organisés. Mais toujours autant de
monde qui marche le long des routes.
Une bonne route nous conduit rapidement à Blantyre. Pas de
centre proprement
dit, mais pl
utôt une
ville à la campagne
étalée sur plusieurs
collines. Les nombreux
jacarandas qui
fleurissent un peu partout donnent une belle teinte violette à
la
cité. Nous installons notre
bivouac au Doogle Lodge, le principal backpacker de la ville. Position
centrale, restaurant/bar/piscine, mais aussi le rendez vous des expats
buveurs de bière en fin de semaine, bruyant le vendredi soir !
Nous y rencontrons un couple de retraités Anglais qui sont
descendus
comme nous par l'Afrique de l'ouest, mais en 5 mois seulement. Ils
n'ont
pas
chômé ! Ils sont maintenant à la recherche d'un
bateau pour
rejoindre l'Australie.
Nous profitons de la pr
ésence d'un
grand centre commercial Shoprite pour refaire des provisions. Dommage
que nous
n'y avons pas trouvé de Nutella. On trouve bien une
espèce de pâte à base de cacahouète, mais on
y a
déjà goûté, c'est juste bon pour les
Anglais...
Nous visitons le seul bâtiment digne de l'être, la mission
catholique
St
Michael, cathédrale, bibliothèque, écoles,
salle des fêtes....une ville dans la ville. Quelqu'un nous a
écrit qu'à fréquenter aussi assidûment les
missions catholiques, nous risquions de rentrer dans les ordres, bon,
pour le moment, on résiste !
Dimanche 15 octobre 2006
Nous partons vers l'est, en direction de Mulanje Montains. Pas de
doute, les Anglais sont passés par là. Tout autour
du Mont Mulanje, à perte de vue, les pentes sont
tapissées de
plantations de
thé. Les femmes, avec leur
hotte sur le dos,
récoltent les plus belles feuilles qu'elles portent ensuite
à
l'usine
locale, la même depuis 1930.
Depuis le village de Mulanje, nous empruntons une piste d'une dizaine
de kilomètres pour rejoindre Likhubula Forest Station
situé au pied de Mulanje Montains, qui avec ses 2500 m, offre
les meilleurs spot de randonnée dans cette partie de l'Afrique.
Après nous être installés au "Likhubula CCAP
house",
(Church Central Africa Presbyterian) nous allons au centre
d'information afin d'avoir des infos sur les randos possibles.
Evidement,
ils n'ont aucune carte, aucun renseignement à nous donner,
tout
ce qu'ils veulent, c'est nous refourguer un "guide". Dommage que nous
soyons passés un dimanche à Mulanje village, le
centre
d'infos était fermé. Nous pourrons constater par la
suite qu'ils disposent de fiches complètes sur les randos.
Accompagné
d'un jeune, nous empruntons le chemin qui monte
derrière la Mission et arrivons une heure plus tard à la
chute. Pas très facile à trouver seul, et puis il faut
bien qu'ils bossent un peu. On préfère donner notre
argent à ceux
qui veulent travailler qu'à ceux qui tendent la main. Pas
spectaculaire à cette saison, mais bon lieu de
baignade et petit échauffement pour la rando de demain. Nous
passons le reste de l'après-midi
dans les piscines
naturelles
juste en dessous de la Mission.
Ce matin,
lever de bonne heure. Nous suivons les panneaux
"Chambe hut" sans trop savoir où cela nous mène !
Dès le
départ
ça
monte raide, même très raide et en 2 h 30 pas un
seul faux plat sur les 1000 m de
dénivelée. Nous sommes sur le Chambe plateau d'où
la vue
s'étant sur toute la vallée. Dommage que nous
n'ayons pas
eu plus d'infos, car à une demi-heure de marche facile, il
était possible de passer la nuit dans des huttes sur le plateau.
Même si on en a bien "bavé", c'était pour le
plaisir, ce qui n'est certainement pas le cas pour ces
bûcherons
que nous
croisons sans cesse et qui descendent du bois pour le vendre au
marché.
40
ou 50 kgs bois sur la tête, pieds nus, et 1000 m de
descente vertigineuse (2 h) ! Et sûrement un gain de
misère
!
Nous quittons Mulanje en direction du Mozambique
et 100 m avant la frontière, nous prenons une piste
à gauche qui rejoint Zomba (130 kms) en faisant le tour de
Mulanje
Mountains. Beaucoup de monde sur la piste, à pied ou à
vélo.
Dans tous les villages, les
réparateurs de
vélos sont à l'œuvre et les nombreux "
tea room" se
succèdent, encore des restes de la colonisation. Bien que dans
la plupart des villages, des bâtiments en dur aient
été construits, dans certains villages,
l'école
se fait encore
à
l'ombre d'un gros arbre.
Si on en juge par le nombre d'églises et de
mosquées, les gens sont très
croyants. Mais le plus étonnant, c'est que dans presque
tous les villages il y a des Témoins de Jéhovah,
comme au Mozambique d'ailleurs. S'ils sont Musulmans,
Chrétiens ou TJ, ils suivent avant tout des rites Animistes,
barbares parfois. Il y a quelques mois, dans un village proche de
Nkotakota, un enfant en a fait les frais. Après l'avoir
tué et mangé le coeur, le foie et les reins, les trois
"sorciers" ont déposé la dépouille dans la
forêt et deux semaines plus tard, lorsque les animaux sauvages
ont
fini leur travail, ils ont procédé à
l'enterrement.
La police, informée, a répondu qu'elle ne
s'occupait pas de ce genre d'affaire !
.
Au Malawi, toutes les habitations sont en
brique, le plus
souvent recouvertes de toits de chaume. Ici, comme au Nord Ouest
du Mozambique, tout le monde fabrique ses propres briques. Après
être séchées au soleil, elles sont empilées
sous forme de
four
et cuites au feu de bois plusieurs jours durant.
Ensuite, au fur et à mesure que la maison monte, le four se
désagrège. Directement du producteur au consommateur.
Jusqu'en 1970, Zomba fut la capitale politique du Malawi.
Ses
bâtiments coloniaux et situation au pied du Zomba
plateau en font une
petite ville agréable. Une petite route de montagne nous
conduit
jusqu'au plateau à 1500 m d'altitude.
Sur les conseils
d'autres
voyageurs, nous campons au
Kuchawe Trout Farm
un endroit bien tranquille et frais sous les pins du Brésil.
Nous y
retrouvons un couple (2 amis) de Sud Af que nous avions
déjà croisé à
Blantyre et à Mulanje la veille. Ils remontent tranquillement
l'Afrique
de l'est vers l'Europe. Il est bien possible que nous les croisions
plus tard.
Afin de ne pas perdre la forme nous faisons une randonnée
jusqu'à
Queen's view, appelée ainsi en souvenir du passage de la Reine
d'Angleterre dans les années 50. Vue imprenable sur la
vallée et sur la
ville et
maraude
des mûres (jaunes) en chemin.
Ici, les
vélos
servent surtout
à
transporter des charges incroyables, maïs, farine, ou
des
charges de
bois tellement lourdes que
les "chauffeurs" ont bien du mal à maintenir leur monture
debout.
Les femmes
non plus ne sont pas exemptées
de
corvées de bois. Les charges sont lourdes, et pourtant au
passage, elles
nous sourient.
Jeudi 19 octobre 2006
Le lac Malawi
est le joyau du pays et l'attraction touristique majeure.
Après un bref arrêt à Monkey Bay au "Venice"
dont l'entretien laisse un peu à désirer, nous reprenons
la piste pour une vingtaine de kilomètres afin de passer
quelques jours
à
Cape Maclear au "Fat Monkey Backpaker", les
pieds dans l'eau à l'ombre des manguiers. C'est le lieu de
rendez vous de tous les
routa
rds qui voyagent
dans le coin, surtout depuis
que l "Emmanuel's" est fermé
. Dès notre
arrivée,
nous retrouvons Camilla et Mark, 2 jeunes Sud Af (qui parlent
français) que nous avons connu
à Blantyre. Ils viennent d'effectuer un voyage de 6
mois en Afrique Australe
avant de partir travailler en Australie, histoire de changer d'air. Du
coup, ils nous
donnent
quelques bons plans pour la suite de notre voyage. On espère
bien
les revoir à Sydney d'ici 2 ou 3 ans.
Le soir, à l'aide
de quelques
instruments
rudimentaires, les gamins du village viennent en
représentation afin de récolter quelques
pièces.
Avec ses 580 kms de
long, le lac est une vraie mer
intérieure,
avec ses îles, ses eaux transparentes à 27°, ses
plages de sable fin et faune aquatique.
Dans la journée, le soleil tape tellement dur que nous ne sommes
bien que dans l'eau, même
s'il existe un risque potentiel de bilharziose. Heureusement, le s
oir les moustiques
ne sont p
as trop
nombreux, et c'est un véritable enchantement que de rester
dehors à contempler les superbes
couchers de
soleil sur Thumbi
West Island en attendant que la chaleur
intérieure soit supportable.
De nombreux touristes
viennent ici pour faire de la plongée (snorkelling ou
bouteilles) ou organiser
des randonnées
de plusieurs jour en bateau ou
en kayak.
Tôt le matin, nous louons un kayak pour rejoindre Thumbi West
Island située à une demi heure de rame. A la
pointe Est de l'île, nous nageons au milieu d'une multitude de
poissons multicolores. Malgré le vent qui soulève un fort
clapot, nous faisons le tour de l'île. Lorsque nous rentrons vers
midi, il ne reste plus qu'à soigner les ampoules aux mains.
Dur dur le
métier d'explorateur !
En 1859, David Livingstone,
un vrai explorateur
celui-là, redécouvre le
Malawi et son lac. Dans ses pas,
arrivèrent des missionnaires
Ecossais avec la volonté de combattre la vente
d'esclaves et d'établir des missions chrétiennes. En
1973, la mort du Dr Livingstone, en Zambie, raviva la ferveur des
missionnaires qui s'installèrent à Cape Maclear, mais
entre 1877 et 1880 la communauté fut décimée par
la malaria et migra vers Livingstonia sur les hauteurs du lac. On peut
encore voir
leurs
tombes sur la gauche juste avant l'entrée du Lake
Malawi National Park.
A un quart d'heure de marche de l'entrée, payante
même si on rentre par la plage (on
a négocié), ne pas
manquer
Otter
Point, certainement le plus bel endroit de Cape Maclear.
Une
multitude de rochers qui sortent de l'eau, de toutes
petites îles
sur lesquelles vivent
des cormorans
et une colonie de
singes et au milieu,
des "piscines"
naturelles où l'eau est calme et transparente. On
croirait nager
dans
un aquarium
géant. Au bout d'un moment, les poissons, habitués
et curieux,
viennent même nous chatouiller les pieds. Plutôt bizarre
comme
sensation ! Sur la rive, les racines des arbres ont
emballé les
rochers comme des gros cadeaux de Noël. Un endroit magique
à ne pas manquer.
Le village de Chembe,
qui longe la plage sur
plusieurs kilomètres, est presque désert. Toute la vie se
passe
au bord de l'eau, la toilette, le
lavage du linge ou de la vaisselle, la préparation
des repas et
les
jeux des enfants.
Dès la nuit tombée, les
pêcheurs partent pour une longue nuit de
pêche au lamparo à bord de leur canoun.
De loin, on dirait des guirlandes de Noël qui ceinturent les
îles. Pendant que les femmes
et les plus jeunes lavent le poisson et le mettent
à
sécher sur des claies,
les pêcheurs
remaillent les
filets.
Malgré le
développement du tourisme, les gens sont
restés
cordiaux et authentiques. C'est à l'ouest du village que sont
concentrés les bars, les petits commerces et les paillotes des
artisans qui
sculptent le bois.
Après d'âpres négociations, il est possible
d'acquérir de beaux objets à prix très
raisonnables.
Moins de 20 € pour
une chaise d'un
mètre de haut
entièrement sculptée à la main !.
Ici, les salaires
sont ridiculement bas, une femme de
ménage qui travaille de 6 heures du matin à 9
heures du soir, 6 jours par
semaine, gagne environ 20 à 30 dollars US par mois ! (dans la
plupart des pays d'Afrique Australe, les tarifs ayant rapport avec
le tourisme sont souvent exprimés en Dollars). Quand on pense
que ça correspond au prix de location d'un kayak pour la
journée, on reste un peu septique quant à la
répartition des richesses ! On a souvent l'impression
que plus on paie cher, plus les salaires sont bas !
Pauvre Afrique !
Heureusement que nous avons pu prendre nos messages Internet chez notre
voisine Française, patronne du Cape Maclear Lodge, car depuis
une semaine,
ça devenait difficile. A Salima (en face de Métro)
impossible d'ouvrir les messages, à Nkotakota (face à la
station service) c'est "out of order"(en panne) et ainsi de suite.
Dans de nombreux lieux
touristiques, il existe bien des "Hot Spot Internet",
où moyennant l'achat d'une carte, on peut se connecter en
wi-fi (sans fil) avec son propre portable, mais on a bien trop
peur de
prendre un virus. Et ici personne pour réparer un ordinateur et
encore moins un clavier en français.
Mardi 24 octobre 2006
Nous quittons Cape Maclear pour Senga Bay, toujours au bord du lac,
mais un peu plus au nord. Comme nous avons une carte routière
sans kilométrage (eh oui ça existe) et qu'il n'y a aucun
panneau, on rate une bifurcation et on fait 100 kilomètres de
trop ! Le copilote n'y a vu que du feu ! Nous bivouaquons au
"Cool
Running" où nous retrouvons d'autres touristes que nous
avions
déjà rencontrés précédemment. Le
camping est agréable au milieu d'une végétation
luxuriante à l'ombre de grands arbres. Mais qui dit espaces
verts, dit arrosage permanent, du coup c'est la fête pour les
moustiques, un peu moins pour nous !
Ici, les pêcheurs ne sont pas bien riches, ils sont
souvent habillés en guenilles, des
shorts ou des T-shirts, il ne reste que des lambeaux de tissu. De toute
façon,
dès
qu'ils ont 3 sous, ils bo
ivent la
bière et fume la ganja
(haschich). Ils pratiquent surtout la pêche au filet qu'ils
relèvent depuis la plage.
Lorsque les cordes,
trop
usées, ne sont plus qu'une succession de nœuds, ils les
remplacent par des
lanières
d'écorce (peut-être de
baobab) ou des
bandes
de caoutchouc taillées dans de vieux
pneus. Le long de la route, plusieurs "ateliers" sont
spécialisés dans le désossage des pneus, ils
dévident les bandes de caoutchouc comme on dévide une
pelote de laine. Rares sont les villageois qui possèdent un
attelage et une charrette pour aller chercher le bois ou les roseaux
pour faire les toits. En général se sont les femmes qui
servent de bête de somme.
Jeudi 26 octobre 2006
Hier, nous avons vu
passe
r le "ferry"
Ilala, un
ancien bateau à vapeur
qui dessert une douzaine de ports
le long du lac une fois par semaine. Notre intention est de l'emprunter
pour une
croisière de 24 heures
entre Nkata bay et Nkotakota. Nous faisons donc une halte à
Nkotakota
afin de repérer les lieux et de réserver une
chambre pour notre arrivée, mardi prochain.
Impossible de
trouver
le
débarcadère. Renseignement pris, il s'agit bien de
celui que nous avons repéré à la sortie de la
ville ! Entièrement détruit ! Espérons que le
ferry sera
en meilleur état.
Nous faisons quelques courses dans la
Peoples Superette (en
Français dans le texte), il en existe
dans toutes le petites villes, mais
à part la boisson, le pain tranché, les œufs ou les
sprays anti-moustiques, pas grand chose à acheter pour un
Européen. Et pour cause, la population se nourrit principalement
de la production agricole locale ou de la pêche. Dans les
supérettes,
ils achètent seulement les produits de première
nécessité comme le sucre, les biscuits, le riz,
les farines, le lait en poudre ou l'huile à frire. Il y a bien
des magasins Métro, mais c'est encore pire ! Le long des
routes ou sur les marchés, on ne trouve que des tomates, des
pastèques et des centaines de kilos de mangues. Le
problème avec les mangues, c'est que ça rempli autant les
dents que l'estomac.
Alors que nous
allions repartir,
Jean-Paul,
un Français, nous invite à passer la journée che
z
lui avec sa femme
Brigitte
et ses
2
enfants. Il y a une douzaine d'années, alors qu'ils
voyageaient
en Afrique Australe, la région leur à bien plu et ils s'y
sont installés.
Actuellement, ils sont en train de mettre en place l'association
Ambulances Françaises afin
d'apporter une aide dans le domaine médical. Nous, on les trouve
bien courageux quand ont sait comment ça se termine
parfois. Il y a deux ans, le Danemark avait donné 8 Land
Rover à une organisation. Récemment, lorsque
l'ambassadeur
s'est rendu sur le terrain pour voir ce qu'étaient devenu
ces véhicules, il n'en restait plus qu'un, tous les autres
avaient été détournés ! Lorsqu'il a
insisté pour obtenir de plus amples explications, les
autorités, mouillées jusqu'au cou, lui ont
donné 48 heures pour quitter le pays. Du coup, plus de Land
Rover, plus d'ambassade ! Enfin, on leur souhaite bonne chance quand
même.
Lundi 30 octobre 2006
En allant à Nkhata bay, nous longeons de grandes plantations
d'hévéas. Un peu partout, des gamins nous proposent des
ballons fait de sacs plastiques recouvert de caoutchouc. Outre que nous
n'en avons pas besoin, il parait que ça sent très
mauvais. A Nkhata Bay, nous dormons dans la cours du Ilala Bay Lodge
qui se
trouve tout près de l'embarcadère et qui accepte de nous
garder le véhicule pendant notre voyage. Dans la matinée,
nous achetons nos billets "pont première classe" ainsi que des
rabanes pour dormir. Il existe bien des cabines, mais outre que
le prix est exorbitant, c'est beaucoup plus sympa de dormir sur le
pont.
Nkhata Bay, 15 heures, le
Ilala accoste.
Pendant 3 heures c'est un
va et vient incessant,
les hommes et les
femmes ploient sous de lourdes charges. Planches, tôles,
portes, fenêtres, canapés, tables,
fût
de fioul de 200 litres, sacs de ciment,
bouteilles de gaz, poules vivantes, poissons séchés,
seaux, régimes de bananes, tout est chargé à la
main, sur le pont passager 2ème classe. Ca n'en finit pas. Au
milieu de ce chargement hétéroclite, les femmes,
couchées à même le sol, donnent le sein
aux bébés. Heureusement, nous sommes sur le pont
supérieur, à l'air et au calme. 20 heures, 3 coups de
sifflet
annoncent le départ.
Voyager sur le
Ilala, c'est faire un voyage dans le temps.
Construit il y a 50 ans, il supporte le poids des ans. Les lattes du
pont sont pourries, le bastingage tordu et les fauteuils
défoncés.
La salle de restaurant
n'est pas mal non plus.
Trente m2, trois tables rondes avec nappes en plastique, un buffet
d'époque, enfin d'aucune époque, un coup de peinture
bleu ciel et une chaleur étouffante
! Sur le pont,
le
bar, avec le barman qui se repose (de quoi ?) sur le
congélateur.
4 heures du matin,
nous jetons l'ancre au large des
îles de
Likoma, des îles Malawiennes dans les eaux Mozambicaines.
Il
fait nuit, aucune lumière à l'horizon, (il n'y a
pas
l'électricité sur l'île) le vent souffle fort, la
mer
est démontée. Ici,
pas de quai de débarquement, il faut mettre les
chaloupes à la
mer. Amarrées contre la coque, elles tapent violemment
contre l'échelle, montent et descendent au grès des
vagues. C'est la cohue, passagers
et colis se bousculent pour descendre. Pour les fûts, c'est plus
simple, ils sont balancés à l'eau et dérivent
tranquillement vers la côte. Il faudra 4 heures pour tout
décharger.
Le
jour se
lève. Heureusement, personne n'est passé à
l'eau,
il aurait immédiatement été broyé par les
mouvements désordonnés des chaloupes. Pour eux
ça semble normal,
pour nous ça relève du miracle. Un miracle qui se
reproduit plusieurs fois par jour. 8 heures,
le capitaine est
revenu
à
la barre, nous quittons
les îles Likoma.
Nkotakota, 21 heures. Après plusieurs arrêts, tous aussi
bordéliques, nous atteignons le but de notre voyage. Il
fait nuit, la lune éclaire
faiblement, le vent a faibli, la mer s'est calmée. Notre
chaloupe approche de la plage, elle racle le fond et s'immobilise
à 30 mètres du bord. Il faut enlever les chaussures,
retrousser les pantalons, charger les sacs sur la tête et
rejoindre la plage à pied. Le Ilala ayant fait
plusieurs escales au Mozambique il faut montrer les passeports aux
douaniers et inscrire nos coordonnées sur un cahier. Comme
souvent, Claude inscrit n'importe quoi. Il ne reste plus qu'à
marcher
1,5 kilomètre au milieu
des champs pour
rejoindre l'hôtel.
Lever 6 heures. Ici, pas de vélos taxi comme dans la
plupart des villes, c'est donc à pied que nous couvrons les 2
kms qui nous sépare
de la statio
n de bus.
Rien de tel pour
être bien
réveillés.
Coline, une
routarde qui travaille au tribunal international d'Arusha, en Tanzanie,
nous accompagne. Après discussion, nous montons dans un pick-up
qui dit aller jusqu'à Nkhata Bay (200 kms). 50 kms plus loin,
panne d'essence, le chauffeur a oublié de faire le plein ! Une
heure d'attente, on repart, mais pas pour très longtemps. Vingt
kilomètres plus loin, il nous annonce qu'il s'arrête
là ! Nous prenons un minibus qui passe par là. 13 heures,
nous sommes à
Nkhata Bay. Tout compte fait, on a mis que 6 heures pour faire 200 kms,
il parait que des fois c'est pire. Nous récupérons notre
case mobile et allons camper à
Big Blue, un
backpaker à la Robinson, les pieds dans l'eau.
Vendredi 3 novembre 2006
Aujourd'hui, nos chemins se séparent. Coline part vers le sud,
nous vers le nord.
Le long des routes, de nombreux groupes, assis à l'ombre des
arbres, cassent des pierres qui finissent par former une multitude de
tas de cailloux.
Outre la culture
des tomates, des bananes, du maïs et du manioc,
la principale activité de la région est la culture du
tabac qui sèche ensuite sous des
claies abritées.
Dans presque toutes les concessions,
les poulaillers
en forme de mini case, trône au milieu des cours.
Entre Mzuzu et Chilamba Bay la route serpente dans une vallée
encaissée. Puis les montagnes s'apaisent et la route descend du
plateau
par une série de lacets d'où la
vue sur le lac
et les côtes Tanzaniennes est magnifique.
Dans le nord du pays, les touristes se font plus rares et les campings
aussi. Il ne reste plus que le Chitimba Naniashi Resort qui fasse
camping, et encore l'état laisse à désirer !
Perché sur un escarpement rocheux à 800 mètres au
dessus du lac,
Livingstonia
est accessible par une piste vertigineuse. Appelée ainsi en
mémoire du Dr Livingstone (très populaire au Malawi et en
Zambie) cette mission catholique et le village
qui l'entoure
furent
fondés pa
r les missionnaires
Ecossais en 1894. Le site dominant, choisi
pour sa sérénité dégage
toujours une atmosphère d'autrefois.
The "stone house" (la seule maison en pierre) abrite un musée
qui raconte l'histoire des explorateurs Européens et le travail
des missionnaires. Les vitraux de
l'église
représentent Livingstone et ses compagnons. Après une
visite aux Manchewe
Falls, nous continuons la piste compliquée, pentue et
poussiéreuse en direction de Rumphi et Thazima Gate,
l'entrée principale de Nyika National Park.
Dimanche 5 novembre 2006
Nous bivouaquons
près d'une école peu après
Rumphi. Endroit tranquille, mais
beaucoup de curieux
.
Heureusement que nous nous couchons tôt, car au Malawi les gens
se lèvent de bonne heure pour profiter de la fraîcheur.
Dès 5 h30, c'est de nouveau le siège ; ça joue,
ça rigole, ça discute. Difficile de dormir dans
ces conditions. C'est pour nous l'occasion d'écouter
RFI sur les ondes courtes. La réception n'est pas
toujours très bonne, mais on arrive tant bien que mal à
se tenir informé. Ce matin, on a même entendu que le FMI
conseillait à la France d'assouplir ses lois sur le travail. A
quand le nouveau CPE ?
Heureusement que nous avons photographié (et
imprimé) la carte du parc affichée dans le bureau
d'entrée, car il y a bien des
bornes directrices,
mais il n'y a rien dessus, et pas question de demander notre chemin,
nous devons être les seuls visiteurs du parc aujourd'hui ! Avec
la carte et le GPS, on arrive tant bien
que mal à se diriger.
Nyika Park,
situé sur
u
n immense plateau entre 2200 m et
2600 m, offre quelques
panoramas sur
les montagnes Malawaiennes et les hauts plateaux Zambiens.
Toutes les
pistes ne sont pas en état, parfois il manque le pont mais pas
la piste, parfois c'est le contraire.
Ici ce n'est pas comme à Etosha ou au Kruger, peu d'animaux et
en plus très sauvages. Nous
verrons quand même quelques
zèbres,
redbucks, élans et
hippotraques rouannes,
mais mieux vaut ne pas s'endormir et avoir de bonnes jumelles. Enfin,
j'ai pas perdu mon temps, un des gardiens m'a appris à jouer
à
l'awalé.
Retour par le nord.
Piste ravinée et
poussiéreuse, virages
serrés, montées et descentes abruptes. En plus j'accroche
un camion qui est en panne au milieu de la piste.
Rien de grave, juste
un enjoliveur de la cellule à refixer.
Ce n'est qu'à la
nuit tombée que nous arrivons à Karonga. Nous allons
rester quelques jours
à Beach Chamber Motel afin de termin
er la
mise à jour,
faire un peu de
lessive, préparer notre
circuit Tanzanien et faire quelques réparations. En recherchant
la cause de la panne du klaxon, Claude a constaté qu'un jerrycan
a
frotté sur le circuit électrique et coupé
plusieurs fils. Heureusement, à laide du fer à souder, du
fil
électrique et de l'isolant, la réparation est assez
faite. Le plus grave c'est que la vitre du
panneau solaire est cassée. Un choc, un caillou ? De toute
façon, il va falloir
attendre d'être dans une grande ville Tanzanienne pour
espérer réparer.
Samedi 11 novembre 2006
Aprés avoir mis nos derniers Kwachas dans le réservoir de
GO supplémentaire, nous rejoignons la frontière à
Kaporo. Formalités simples et rapides, rien à payer,
personnel sympathique. Le voyage se poursuit en Tanzanie.