CAMEROUN

Population   : 16,3 millions

Monnaie : Franc CFA Centre Afrique

Superficie : 0,8 fois la France

Langue(s) officielle(s) : Français, Anglais

Densité : 32.44 hab./km²

Statut : République unitaire

Capitale : Yaoundé



Projection 2050 : 27 millions d'habitants

Parcours du 12 avril au 11 mai 2006

Kilométrage parcouru au Cameroun : 3200  dont 1100 de piste

Kilométrage total depuis le départ à la sortie du pays : 27 600 km



A la suite de la première guerre mondiale, la colonie Allemande est démantelée et partagée entre les vainqueurs par le traité de Versailles en 1919, soit 4/5 pour la France, 1/5 pour les Anglais. (On parle encore Anglais au nord de Douala).  En 1960, l'indépendance est proclamée. Depuis 1984, Paul Biya est régulièrement réélu à la Présidence de la République.
Avec ses 250 ethnies, le pays possède une richesse culturelle exceptionnelle. Le climat est d'une grande variété, tantôt tropical humide ou sec, tantôt équatorial. Les mois les plus chauds sont mars, avril, mai (pas de chance, nous qui en avions un peu marre de la chaleur). Le point culminant est le mont Cameroun avec ses 4100 m.
Le secteur agricole est le plus important avec l'exportation de cacao, café, tabac, coton, bananes et caoutchouc ; puis vient le pétrole, le textile, l'aluminium et le bois. Pourtant, le chômage est estimé à plus de 30% et 50% de la population vit au dessous du seuil de pauvreté.
Les religions principales sont : animistes partout, chrétiens au sud et musulmans au nord.  Espérance de vie : 48 ans


Mercredi 12 avril 2006
Dès le pont qui sépare le Tchad du Cameroun franchi, les formalités de police et douanes sont effectuées en quelques minutes. Arrivés à Kousséri, la première ville Camerounaise, en face de Ndjamena, nous prenons une assurance voiture "jaune/rose" de 2 mois  (35 €), valable pour le Cameroun, le Gabon, le Congo (et le Tchad). Au Tchad, nous n'avions pas d'assurance. 
Comme nous sommes un peu justes en Fcfa et que le distributeur auto VISA est encore sous emballage, (peut-être depuis longtemps et pour longtemps encore) nous changeons quelques euros à 6,50 dans la rue. (C'est le banquier  qui nous indique quelqu'un qui nous ferait un change meilleur que lui !

Nous partons en direction de Mora par la nationale qui longe le Nigeria. Par ici, la végétation est rase et sèche, mais à l'aide de nombreux puits à balancier, les villageois cultivent quelques légumes.

       

Sur cette route, au carrefour du Tchad et du Nigeria, nous croisons
des groupes de cyclistes qui trafiquent de l'essence avec le Nigeria (jusqu'à 100 kgs par vélo) et des camions poussifs que l'on cherche sous des amas de marchandises.

Dans cette région, on nous a signalé que des coupeurs de routes sévissent quelques fois dès la tombée de la nuit. De toute façon, nous nous arrêtons souvent de bonne heure afin de chercher nos bivouacs. Pendant quelques temps, nous allons redoubler de vigilance dans nos choix.

Ce soir au bivouac (près de l'entrée du parc Waza)
je retire 2 clous des pneus arrières et les répare avec des tresses. Avec ce système il n'y a même pas besoin de démonter les roues, il suffit juste de les regonfler. Le plus difficile est de repérer les trous à l'aide d'un vaporisateur remplit d'eau savonneuse.                      
.

Pendant que j'effectue la réparation, Claude fait la connaissance avec un jeune couple Suisse qui fait à peu près le même périple que nous. Ils viennent d'ailleurs de passer 3 semaines dans le nord du Nigeria et n'ont eut aucun problème. On s'en fait tout un monde, comme pour le Tchad, peut-être à tort.


Dès notre arrivée à Mora, nous allons voir un serrurier/mécano qui détord les supports des coussins gonflables que nous avons tordu sur les pistes du Tchad. Il soude aussi des renforts conformément  à mes instructions.  Lorsque je lève le mitsu avec le cric gonflable, ils me disent tous d'arrêter, que le véhicule va se retourner ; ils n'ont jamais vu ça et ça les épate ! J'espère que cette fois ci, il n'y aura plus de problème de ce côté la.
 

Comme il est tard, nous  nous dirigeons vers la mission catholique  pour y passer la nuit. Le curé n'est pas franchement rassuré, il a peur que notre véhicule attire les convoitises ou que les rebelles Tchadiens nous aient poursuivis ! (on est quand même à 200 kms de la frontière). Nous qui pensions que le jour de Pâques il aurait à cœur de rassembler ces brebis égarées ! Malgré un accueil mitigé, nous bivouaquerons quand même à l'église et les rebelles ne viendront pas.
 
                                                                                   

A partir de Mora, les plaines se changent en montagnes et la piste est jalonnée de nombreux flamboyants en fleur qui égayent les collines.
Nous poursuivons notre route en direction de Nokolo et Rhumsiki en passant par le col de Koza. La piste devient pentue et caillouteuse, mais ce n'est rien à côté de la Guinée ! Nous sommes entourés de collines faites d'amas de blocs de granit posés en équilibre les uns sur les autres, au milieu desquelles les paysans ont construit des terrasses pour cultiver le mil.  Le travail doit être harassant et le rendement bien faible.


Les Matakams, ethnie très présente dans cette région, habitent des cases rondes (boukarous) coiffées de leurs chapeaux de paille. Avec ses sarés (groupement des plusieurs cases) construits dans les éboulis, ça nous rappelle l'habitat Dogon. La région  est intéressante même si les gamins sont un peu pénibles.  Ils nous réclament souvent des cadeaux ou nos bouteilles vides que nous conservons afin de leur donner. Ils nous proposent des jouets en bois et des poupées en terre habillées de vêtements en tissu qu'ils ont fabriqué.
Les adultes, en buvant la bière de mil à l'ombre des arbres ou des paillotes, fabriquent des objets en tissu, vannerie, poterie ou bois. Beaucoup d'artisanat dans cette région.


Ensuite, la piste s'élève jusqu'à 1000 mètres d'altitude et suit une ligne de crête d'où on aperçoit vers l'ouest, les vastes plaines du Nigeria voisin.
Peu avant d'arriver à Rhumsiki, se dressent d'immenses pics de lave provenant de cheminées de volcans, avec en toile de fond les monts Mandara. La plus célèbre de ces aiguilles est celle du Mchirgué (1224 m) appelée aussi pic de Rhumsiki.  Ce paysage lunaire fait du village de Rhumsiki un des hauts lieux du tourisme camerounais. Dans l'après-midi nous rejoignons le campement touristique du village.  Malgré l'altitude, la journée a été étouffante et un plongeon dans la piscine bien agréable. Nous y retrouvons aussi les Suisses que nous avions déjà rencontrés à Waza. 

        
Les Kapsiks (habitants du coin) sont en grande majorité animiste et exécutent toujours les danses et les chants traditionnels. Nous aurons la chance d'en avoir une démonstration, avec en toile de fond, un paysage grandiose.

Sur la piste qui nous conduit à Garoua, des femmes Peules, qui rentrent du marché avec leurs calebasses sur la tête, nous réclament un verre d'eau que nous leur offrons bien volontiers.

Juste avant d'arriver à la ville, nous devons quitter la piste principale qui est en travaux et restons posé sur le châssis. Il nous faudra l'aide du cric gonflable, de quelques gros cailloux et de 4 camerounais pour nous sortir de ce mauvais pas !
Le cric s'est coincé dans les lames de suspensions et s'est percé. Ca me fera une occupation à l'étape du  soir. A Garoua, nous prenons contact avec le Directeur du Relais St Hubert (hôtel) qui nous autorise gracieusement à bivouaquer sous les eucalyptus, et en plus, il y a aussi une piscine ! Dans cette ville moyenne on trouve tout, il y a même un supermarché et un distributeur automatique VISA.


Au Cameroun, les campings sont rares, nous bivouaquons donc souvent dans des campements ou dans des parcs d'hôtels. Ici le mot campement, veut dire hôtel avec des bungalows. Nous y sommes toujours bien accueillis, soit gracieusement, soit contre rétribution. En général nous n'y restons pas bien longtemps car nous sommes souvent installés  sur un passage ou sur un parking animé et nous ne pouvons pas  nous "étaler" ;  sortir notre table, nos chaises, pique-niquer tranquillement ou faire la lessive.
Aujourd'hui n'est pas coutume, nous sommes bien installés au fond du parc de l'Hôtel du Rail  à Ngaoundéré (N'déré en abrégé). Même si nous n'avons pas la douche, nous avons le jet d'eau et pouvons nous doucher avec à l'abri des regards derrière les thuyas.
Le gardien, courageux, a lavé et repassé notre linge contre un petit billet.

Hier soir, il nous a expliqué qu'il n'était pas rentré chez lui (il habite 600 kms plus au nord) depuis plus de 10 ans, le prix du billet aller/retour, 20 €, est trop cher pour lui. En plus il est hors de question qu'il rentre dans sa famille sans apporter quelques cadeaux. Et quand il nous dit que son père à 6 épouses et un nombre incalculable de frères et sœurs qu'il ne connait même pas, ça devient un vrai problème ! Il nous explique aussi qu'il aimerait bien se marier, mais pour le moment ce n'est pas possible.  Il n'a pas assez d'argent pour faire des cadeaux à une futur épouse et donner une dot aux parents.  Il lui faut environ 3000 Fcfa soit 500 €, ça fait une sacrée somme  quand on sait que le salaire minimum, pas toujours respecté, est de 35 €  par mois. Et à ce prix là, il n'est même pas sur de la garder !  S'il ramène une fille de sa campagne en ville, elle risque de partir avec le premier venu qui a plus d'argent que lui ! et ce ne serait pas bien compliqué, puisqu'il n'a rien. Toutes des salopes !
Ce n'est pas la première fois que nous entendons ce genre d'histoire, on nous a raconté les mêmes histoires au Mali et au Niger.

Ngaoundéré, petite ville à 1100 m d'altitude est très étendue  construite sur plusieurs collines. Comme la plupart du temps, les poubelles sont stockées en pleine ville, mais ici, en plus, elle le sont devant le lycée, et elles puent.
Les zems (motos taxis), qui circulent par centaines, ont refait leur apparition et polluent l'atmosphère. 
A  cette altitude, la nuit, la température descend à 17°et nous dormons beaucoup mieux. Nous  trouvons enfin un cyber qui fonctionne correctement, ce qui nous permet de mettre à jour le Bénin, le Niger et le Tchad. Ca fait 3 semaines qu'on essayait en vain  dans différents cybers !

Nous rejoignons le lac Tison petit lac de cratère situé à environ 10 kms de N'déré et dont on peut faire le tour à pied. Il est possible d'y bivouaquer dans un cadre agréable et bien tranquille  gardé par le bistrotier du lieu. Dans les alentours immédiats, des mineurs extraient la pierre ponce et la façonnent à la machette pour en faire des petits blocs qu'ils vont vendre sur le marché.
Aller au lac Tison : début de la piste : N 07° 18 550  E 13° 34 404, prendre à gauche au N 07° 16 176  E 13° 33 443, le lac : N 07°15 796  E 13° 34 580


Nous prenons ensuite la piste qui rejoint Foumdan via Bekel, Tibati et Banyo, soit 550 kms de piste très tôlée qui serpente entre 1000 et 1200 mètres d'altitude au milieu d'une forêt clairsemée. Cela nous vaudra notre troisième crevaison que je répare en 10 minutes en utilisant ma dernière tresse. Il va falloir que je change les pneus, ils sont usés et tous les matins je suis obligé d'en regonfler un qui a plein de micros fuites.

Jeudi 20 avril
Il est temps que nous arrivions car il pleut et la piste commence à être glissante. Nous installons notre bivouac dans les jardins  de l'hôtel Holiday City dans l'attente que le soleil revienne pour visiter la ville.
C'est dans la région de Foumdan que vivent les Bamouns, la plus grande ethnie de l'ouest Camerounais. Des 19 rois qui se sont succédés depuis la fondation de la dynastie en 1394, seul quelques uns, dont le Roi Njoya avec ses 681 épouses, (règne de 1889 à 1933) a laissé une trace indélébile dans l'histoire Bamoun. Il créa l'écriture Bamoun (tout était transmis oralement avant) et construisit le nouveau Palais des Sultans en 1921, l'ancien, fait de bambous et de chaume partait en fumée régulièrement.
 

       

Aujourd'hui vendredi, jour de la grande prière, le Sultan, Nbombo Njoya, Roi des Bamouns, (c'est son titre) rejoint la mosquée en grande pompe (pourtant chaussé de chaussons). Après la prière, il rentre au Palais accompagné de sa cour, de ses musiciens et abrité d'une ombrelle que le porteur fait tourner sans arrêt afin de ventiler sa Majesté. A son passage, tout le monde le salue. Il trône ensuite sur les marches et reçoit les hommages de ses femmes et de nombreuses personnalités. Un grand moment ! J'ai même eut le privilège de serrer la main d'une authentique et très vielle princesse (une des filles du Roi Njoya, décédé en 1933).


Nous nous rendons ensuite dans la rue des artisans et faisons un peu de troc, mais les vendeurs sont particulièrement collants. Ils fabriquent principalement des objets en bois,  perles,  poterie ou   bronze. Les objets en bronze, avant d'être moulés,  sont réalisés en cire puis enduit d'argile. Ce moule en argile, une fois sec, est chauffé pour évacuer la cire  et il ne reste plus alors qu'à couler le bronze en fusion.



Entre Jakari et Bafut, nous empruntons une section de la Ring Road (route de ceinture) qui monte jusqu'à 1800 mètres dans une région très escarpée d'où nous avons une vue saisissante sur les plaines d'altitude où viennent paître les troupeaux des Peuls Bororos.          

Sur les terrasses très pentues des collines environnantes, sont cultivés café, tomates, maïs, manioc, patates douces et un peu plus loin du thé planté par les Anglais dans les années 50. Eh oui, nous sommes dans les provinces  de l'ouest qui sont restées Anglophones. Ici, même à 1800 m, de nombreux arbres fruitiers produisent avocats, prunes, bananes, citrons, goyaves, mangues, pamplemousses, etc.


Bafut est un gros village rural connu pour sa grande Chefferie. La chefferie est le Palais du chef coutumier qui occupe encore une place primordiale dans la vie de nombreuses ethnies. Plusieurs territoires sont encore placés sous son autorité, il est aussi le gardien des valeurs religieuses ainsi qu'un auxiliaire de l'administration. Le titre se transmet de père en fils, et c'est le père qui choisit parmi ses nombreux descendants. Le chef actuel, qui règne depuis 1968, a 50 femmes et pas mal d'enfants. En fait, il n'en a choisi que 6,  les autres sont celles qu'il a hérité de ses prédécesseurs comme le veut la coutume. Au moment de son accession, sa propre mère va vivre en dehors du palais. Il peut donc honorer les autres en toute quiétude.
 

         
La chefferie, crée il y a 700 ans, est un village  construit à l'intérieur de murs cannelés où sont regroupées les maisons  habitées par les  femmes et les enfants du chef. A l'entrée, le gros tambour  est utilisé pour appeler la population lors des  cérémonies. Sur la place centrale du village, la hutte avec ses murs de bambous et son toit de chaume est la plus vieille construction  de la chefferie. Les piliers sont en bois sculpté et les escaliers en pierres de taille. Seul le chef et les notables peuvent y entrer. Juste derrière, la forêt vierge symbolise l'univers des secrets. C'est là que s'élaborent toujours les médecines traditionnelles et que les sociétés secrètes prennent encore des décisions de justice.
Pour les routards : la chefferie de Bafut est située au bout du village. A la station service, continuer tout droit, et c'est un peu après le marché. Entrée 2500 Fcfa/per + 1500 pour les photos, guide et visite du musée compris.


Des chefferies, il y en a un peu partout, mais la plus intéressante est celle de Bafut. En cours de route nous avons visité le Palais Royal de Bafoussam (à la sortie de la ville en direction de Douala). A part la grande chefferie en bambou et le fait que le Roi Bamiléké (39 ans) possède 62 femmes (dont 32 qu'il a hérité de ses ascendants) et 109 enfants, ça ne vaut pas le détour.
On nous a même raconté que dans une chefferie voisine, lorsque le chef sort, il monte dans sa mercédès, mais au lieu de la faire rouler, il la fait porter par une vingtaine de porteurs !
.
C'est en décembre/janvier  que se déroulent la plupart des cérémonies . Un séjour au Cameroun à cette époque doit être encore plus intéressant.
Dans cette région, beaucoup de maisons reprennent l'architecture des chefferies avec leurs toits très pentus et les mosquées ont laissé la place aux églises, nombreuses et de grandes dimensions. Et pourtant, le dimanche, elles font toutes salles combles. En passant devant, on peut entendre les gospels accompagnés par les tam-tams. Nous  avons même vu quelques disciples qui exécutaient des pas de danse.
En allant vers Limbé, les paysages sont grandioses, les vallées sont recouvertes de  bananeraies, palmeraies (pour le vin et l'huile) et de plantations d'hévéas qui donnent le caoutchouc. Entre les collines verdoyantes, traces ocres,  cultures de caféiers, cacaoyers. Le relief accidenté regorge de sites naturels, forêts, lacs de cratères et chutes d'eau.
Malgré la richesse des sols, on a souvent l'impression que les villages traversés ont été bombardés ; "baignoires" dans le goudron, ruelles défoncées et toitures à moitié arrachées sous lesquelles les bâtisses menacent de s'écrouler. Cependant, les gens  sont très accueillants, ils nous saluent sans cesse en agitant la main.

Après Mélong, nous visitons les chutes d'Ekom Nkan qui tombent d'une hauteur de 80 m au coeur d'une végétation dense et luxuriante.
Comment aller  aux chutes : sur la nationale au wpt N 5° 03 486  E 9° 57 527, tourner à gauche et rouler 5/6 kms jusqu'à la barrière qui ferme la route. Là, vous payez votre droit d'entrée et le responsable vous fournit un guide, compris dans le prix. (ne pas prendre les guides qui attendent sur la nationale). Vous roulez encore 4 kms et vous êtes aux chutes. Possibilités de descendre à pied vers le bas des chutes, mais mieux vaut avoir de bonnes chaussures et une bonne crème à moustiques.

Mardi 25 avril 2006
Nous sommes à Limbé, au bord de la mer, juste sous le mont Cameroun dans une des régions les plus arrosée du globe. Lors d'une éclaircie,  nous avons la  chance de voir  son sommet  qui culmine à 4070 mètres.  Ici le temps est souvent bouché.
 



La serveuse,  qui travaille à l'hôtel Miramar depuis 4 mois, n'avait jamais vu la grosse île d'en face,( à gauche de la photo)  Malabo, la capitale de la Guinée Equatoriale !

Nous continuons vers Idenau afin de gravir la  coulée de lave qui s'est déversée du Mont Cameroun en avril 1999 au milieu des plantations de palmiers et d'hévéas. Le climat est tellement humide que les fougères poussent jusque sur les troncs.


Les autochtones attribuent la colère du volcan à l'affront que les touristes lui font en escaladant ses pentes sans lui demander son avis.
L'escalade de la coulée de lave est normalement payante, eh oui, ils n'en ratent pas une, mais en s'arrêtant juste après la déviation et en rentrant dans la palmeraie (à pied) on peut l'escalader librement sans problème.

Au retour, nous nous arrêtons à la plage de sable noir (volcanique) de Mile 6. Belle plage, mer chaude et bon lieu de bivouac avec douche, WC et lavabo à disposition, même si elle peut paraître située un peu trop proche du complexe pétrochimique. Attention quand même, de forts courants font qu'il faut lutter pour revenir de la baignade.

De passage à Douala, nous nous rendons au garage Inter Pneus (sur les conseils d'un expat) où nous sommes très bien reçus par le patron Wadih Assaad. Après lui avoir expliqué notre périple, il nous propose même de mettre un de ses mécano à disposition pour régler tout problème mécanique. C'est vraiment sympa, mais heureusement, à part les pneus, tout va bien. Il nous donne même un de ses contacts en Afrique du Sud au cas où. Ca peut toujours servir.
Avant de quitter Douala, nous faisons quelques courses à Leader Price, où nous trouvons les mêmes produits qu'en France, à peu près au même prix.
                                                              

Samedi 29 avril 2006
Hier soir, alors que nous bivouaquions dans la cours de l'hôpital catholique de Puma, (suite à un contact au Niger) et que j'écrivais le texte du site, Poule Chérie (c'est comme ça qu'elle nous a dit s'appeler) une jeune fille de 20 ans, est venue toquer à la porte, fermée à cause des bestioles. Elle voulait visiter ! Plutôt délurée et bavarde, elle nous a tenu le crachoir pendant plus d'une heure.
Elle nous a bien fait rire avec ses expressions et idées Africaines.

Depuis ce matin, nous sommes à Kribi sur la riviera Camerounaise. Plages de sable fin, cocotiers et mer chaude toute l'année, mais depuis quelques jours, en plus des moustiques, nous avons fait connaissance avec les moutmouts, ces petites mouches qui piquent et irritent la peau et nous gâchent un peu le plaisir. Seule consolation, elles ne transmettent pas le palu.
Nous longeons la côte vers le sud et trouvons un bivouac sur la plage des "beach boys" (Patrick et Paul), près de l'hôtel "la croisière bleue".
Dans la région, les filles ne sont pas farouches et il ne doit pas être facile de rester célibataire ! Enfin je dis ça,  j'ai pas essayé. Toujours est-il que dans les familles, les mères repassent encore les seins des jeunes filles avec des fers à repasser,  des rouleaux à pâtisserie ou des pierres chaudes pour qu'elles soient moins aguichantes ! ..... Eh oui patron, c'est l'Afrique.

         Bivouac sur la plage.........................très près de l'eau.......................les pieds dans l'eau...............
 

Malgré le temps mitigé, (nous sommes dans la petite saison des pluies) avec averses entrecoupées de belles journées ensoleillées, nous passons pas mal de temps sur la plage et dans l'eau qui est tout de même à 26°. L'eau est encore plus chaude et plus propre vers Grand-Batanga (N 2° 50 625  E 9° 53 025°) car ici se déverse la Lobé qui refroidit la mer et créé un fort courant. Nous passons aussi pas mal de temps à discuter avec les "beach boys", dont Patrick un garçon du village qu'on a vite surnommé le Professeur car il adore nous conter l'histoire de sa région et de son ethnie, les Batangas. Le midi, dans leur resto/paillote de la plage, ils nous préparent des crevettes ou du poisson, accompagné de fruits de l'arbre à pain ou des bananes plantain frites.
Comme ils se plaignent que les affaires sont calmes, je leur donne quelques pistes pour rentabiliser (mot inconnu dans le dictionnaire Africain) leur affaire. Ils me disent :  "t'as des bonnes idées, on va s'o-r-g-a-n-i-s-e-r". Mais je sais bien qu'ils n'en feront rien, ce n'est pas dans leur nature d'investir aujourd'hui pour gagner demain. Ca n'entre pas dans leur compétence.  D'ailleurs, ils aimeraient bien que nous restions plus longtemps pour faire avancer les choses.
C'est pas pour rien qu'ils  nous surnomment (les blancs) les "duracels". C'est vrai qu'à côté d' eux, on est un peu survolté  !
Bon, les gars, sans rancune, "on est ensemble". (C'est leur maxime). De toute façon, dès qu'ils ont 3 sous, ils se font une bonne soirée bière, la boisson nationale. Dans toutes les villes il y a d'immenses brasseries un peu partout : Castel, 33 export, Isembeck....
Toutes les nuits, vers 1 ou 2 heures du matin, les pêcheurs embarquent, seul, dans leurs pirogues taillées dans un tronc d'arbre, pour une longue nuit de pêche. Le matin, au retour des pêcheurs, c'est toute une chaîne qui se met en place : les cantinières  préparent les casse-croutes, les aides remontent les pirogues et  les vendeuses  iront vendre le poisson au marché.  Et chacun à sa part : quelques poissons pour les aides, 1/4 pour le proprio et le reste au pêcheur. Ce matin, la pêche était maigre, le pêcheur n'a touché que 800 F (1,20 €). Nous lui avons demandé pourquoi, au lieu de payer des intermédiaires pour sortir la pirogue et vendre le poisson il ne le faisait pas lui-même ? La réponse a été directe et africaine; "et alors, ces gens là, ils vivraient de quoi ? Toujours le partage.
Ca fait du bien de se poser quelques jours et ça rend le voyage beaucoup plus agréable. Chercher de nouveaux bivouacs tous les jours, chercher la route, l'eau, les cybers (qui fonctionnent), ça fini par être fatiguant et puis ça nous permet aussi de reprendre des petites habitudes et de lier connaissance avec la population locale et d'apprendre ainsi plein de choses sur leur histoire, leurs conditions de vie, leurs aspirations.

Près de notre campement, les chutes de la Lobé, qui bondissent de la forêt vierge,  tombent dans l'océan par une magnifique cascade de plus de 100 mètres de large. Tout là-haut, la rivière prend son élan pour rejoindre les eaux salées du golfe de  Guinée au milieu d'une crique de sable clair.

                                                                      
Achio, ça veut dire "bonjour" chez les Pygmées. Accompagnés d'Yves un expat de Bangui (Centre Afrique) en vacances à Kribi, nous remontons la Lobé avec "le professeur" et Paul afin d'atteindre un campement Pygmée,  situé le long du fleuve. Dès le départ, nous naviguons au milieu de la forêt vierge  d'où pendent des lianes qui tombent jusque dans la rivière. Sur les rives de nombreux petits singes qui nous surveillent, s'enfuient à notre passage.

       
Après 3 heures de pirogue, nous atteignons le deuxième campement pygmée (il y en a 4). Il s'agit d'un petit village de paillotes où une quarantaine de personnes y vivent dans le plus grand dénuement. Dès notre arrivée, nous nous plions à la tradition d'usage en remettant au chef quelques menus cadeaux : savons, tabac, briquets, hachisch et alcool de palme. En quelques instants, l'alcool est englouti y compris par les femmes. Encore un bon pétard de hach pur (roulé dans le papier d'emballage), et les chasseurs, armés de machettes et de lances sont fin près pour une partie de chasse en forêt. Ils chassent principalement les singes, les rats, les porcs épic et les serpents. Après avoir inspectés les pièges tendus dans la forêt, fouillés quelques terriers et récoltés des plantes médicinales, nous rendrons précipitamment, bredouille, juste avant l'orage qui menace déjà. 
                                

Dimanche 7 mai 2006
Sur la bonne route goudronnée qui nous emmène à Yaoundé, nous croisons d'énormes camions Renault qui descendent les grumes jusqu'au port de Douala. A cause de ces nombreux camions et des bus qui doublent n'importent où, il faut rester très vigilant, cette route est une des plus meurtrière du pays. On veut bien y croire, en voyant toutes ces épaves plus ou moins récentes qui jalonnent les bords de la route. Durant 270 kms, la route sinueuse, en très bon état, est taillée dans une forêt impénétrable. Le long de la route, des dizaines d'employés, armés de machettes, fauchent les bas côtés. Ici pas de tracteurs ou de débroussailleuses. Sur tout le pays ça doit occuper des milliers de personnes, car avec le climat tropical, dès qu'ils arrivent au bout, ils n'ont plus qu'à recommencer. Il faudrait peut-être suggérer ça au gouvernement Français pour combattre le chômage ! Ca a l'air efficace.
Yaoundé est une ville propre et très étalée car construite sur 7 collines, ce qui ne facilite pas les déplacements. Nous nous guidons avec le GPS mais quelques fois, alors qu'il nous indique que nous sommes presque arrivés, nous ne sommes pas sur la bonne colline. Rien que l'ambassade de France occupe toute une colline ! Au moins, on voit où passent  nos impôts ! En plus des collines, il y a les milliers de taxis (jaunes) qui foutent un bordel pas possible en doublant aussi bien à gauche qu'à droite, en s'arrêtant n'importe où et n'importe quand. Ici, comme dans bien d'autres capitales Africaines, il n'y a absolument aucun transport en commun.


Exceptionnellement, nous prenons une  chambre à la mission catholique St Jean (3 €) de Yaoundé. Non seulement ce n'est pas cher, mais en plus les Frères sont très sympas. Le soir, ils nous invitent à boire l'apéro et à partager leur repas.
 

Ce matin, lundi, nous nous sommes levés de bonne heure, les Frères nous ont invité à suivre le rassemblement des 2400 élèves qui se déroule tous les lundis matins dès 7 h 30 sur le stade du collège. Après la prière collective, séance d'information et de motivation. A la fin, tous les élèves entonnent l'hymne national accompagné par la fanfare collégiale.
Un grand moment.
Ca nous a fait lever tôt, mais ça tombe bien, aujourd'hui l'emploi du temps est chargé. Nous passons tout d'abord au garage mitsu afin de prendre un rendez-vous et de faire établir un devis. Le plus long, c'est de négocier pour arriver au juste prix.
 

Ensuite on fonce à l'ambassade du Gabon (je n'ai pas mis de majuscule, car ils ne le méritent pas !) où on se fait refouler parce qu' on est en jeans. (wpt N 3°53 684  E 11°31 164). Heureusement, un mec sympa prend nos passeports et les 70000 Fcfa (106 € pour les 2) pour les remettre au secrétariat. Du coup on n'a donné aucune photo ni rempli de formulaire.
Ensuite on va faire quelques courses (supermarchés bien achalandés) et voir les appareils photos numériques, le nôtre a plein de poussières dans l'objectif, et impossible de le faire nettoyer. Puis on file retirer un peu (enfin beaucoup) d'argent à la banque car tout ça,  va nous faire des frais.

A 13 h, une voiture avec chauffeur nous attend,  nous allons déjeuner avec Jean-Paul, un vieil ami à nous (ça doit faire plus de 25 ans qu'on ne s'est pas vus) qui est conseiller au ministère des finances. Bibol, on lui a donné le bonjour de ta part ! Malheureusement, nous ne pourrons pas le voir plus longtemps, il part ce soir pour 3 jours à Kribi (sur la côte) pour son boulot, et dans 3 jours, c'est notre visa qui aura expiré. Il nous reste encore à récupérer quelques infos sur Internet et aller voir un petit mécano qui doit réparer le câble du compteur pour un prix raisonnable. Ouf, une journée bien remplie.

Mardi 9 mai 2006
Suite des corvées : Mitsubishi, banque (comme les retraits sont limités, nous sommes obligés de faire plusieurs distributeurs), remontage du câble, récupération des visas, achat appareil photo..... et un peu de repos.

Jeudi 11 mai 2006
Hier nous avons repris la route en direction du Gabon, bien obligés, nos visas arrivent à expiration. Tout autour de nous, c'est la forêt primaire, impénétrable. Cette nuit, nous avons dormi au Commissariat de Police d'Ebolowa. Pas derrière les barreaux, mais sur leur parking, comme ça on était bien gardé. Un peu bruyant tout de même, mais le commissaire était très sympa.
La forêt est seulement entaillée par des petits villages aux maisons construites en terre qui est enserrée entre deux armatures de bambou. Pour certaines, la section doit être un peu faible, car elles penchent dangereusement.

On repère facilement les églises à leur cloche qui est une jante de camion pendue à une potence. Quelques unes, comme celle-ci ont aussi un tambour taillé dans un tronc d'arbre pour appeler les fidèles.
  

 

METEO : Orages fréquents, entrecoupés de belles périodes chaudes et ensoleillées. Nous sommes dans la petite saison des pluies. Beaucoup d'humidité, températures entre 25° et 33°  Mer  :  26°


ARGENT : Toujours les Francs cfa d'Afrique Centrale. Distributeurs VISA dans toutes les grandes villes  et dans les petites villes côtières touristiques ( 4 à Limbé, 1 ou 2 à Kribi)
Quelques prix : GO : 0,82 à 0, 86 €  Pain : 0,31 €  Internet : 0,50 à 1,50 €/h  Bananes : 4 à 10 pour  0,15 €   Boissons : 0,50 €   Ananas :  0,50 €   Pastis  :  3 €/litre   Vache qui rit :  1,2 €    Repas  :  1,5 à  5 €   Lait :  1,50 €/L
salaire minimum : 35 €    salaire instituteur : 70 €
Dépenses totales Cameroun : 2600 € (dont 380 € appareil photo). 4 pneus : 760 € à 51 000 kms à Douala. 
Vidange graissage, filtres à huile et GO + changement limiteur pression turbo à 52 000 kms : 380 €.  
Ici, la main d'œuvre n'est pas  chère, mais les pièces détachées coûtent le double qu'en France.

INTERNET : dans toutes les villes et même dans les gros villages, mais fonctionnement souvent lent et pas toujours facile de répondre à un courrier ou d'ouvrir une pièce jointe (ne parlons pas d'envoi de pièces jointes). Prix : 1 à 1,50 €/h.
N'déré, fonctionne bien : N 7° 19 233  E 13° 34 573 .

SANTE  : Beaucoup de piqûres de moustiques et/ou de moutmouts, même la journée, (on sait pas lesquels, ils sont invisibles et silencieux). Aussi  avons nous décidé de prendre un traitement préventif contre le palu pendant quelques semaines.

MECANIQUE : 3 crevaisons, un fil de clignotant coupé et la vitre passager qui coince (réparations faites à l'étape).
Changement du limiteur de pression de turbo , du câble compteur et  vidange graissage.


BIVOUACS : libres : 14     hôtels/missions : 12    chambre dans mission : 3
A Bafut : dans le jardin du musée de la chefferie (qui était avant un lieu d'accueil pour les touristes) après accord du responsable (négocié à 2000 cfa)
Au lac Awing : à 20 kms de Bamenda sur la route de Bafoussam, lieu calme et aménagé pour le pique nique à 2100 m d'altitude.  Wpts : N 5° 50 980  E 10° 09 680  et N 5° 51 830  E 10° 12 120;
A Limbé : au Park Hôtel Miramar (vers le jardin botanique) au bord de l'eau avec piscine, 3000 Fcfa/per.
A la plage "Mile 6" à environ 10 kms de Limbé vers Idenau, prendre à gauche au
N 4° 00 940  E 9° 06 930,  2000 Fcfa/per pour l'entrée de la plage et y passer la nuit, (mais gardée).
A Kribi : sur la plage à 7 kms vers le sud  N 2° 53 350  E 9° 53 910, à négocier avec Patrick ou Paul, les proprios du resto/paillote sur la plage pour l'emplacement et le directeur de l'hôtel "la croisière bleue" pour l'accès à l'eau, les wc et la  douche. Nous avons donné 1000 Fcfa par nuit à chacun d'entre eux.  Possibilité de bivouac à l'hôtel Tara. Nombreuses possibilités un peu plus loin vers Grand Batanga sur la plage.
Contact Inter pneus à Douala : Mr Wadih Assaad 468, rue Dubois de Saligny.
A Yaoundé : mission catholique St Jean près du collège Vogt  N  3° 50 517   E 11° 30 067

LES MOINS : trop peu de panneaux indicateurs (nous sommes toujours perdus), beaucoup de moustiques et de moutmouts, Internet fonctionne mal en général, certains flics réclament une "aide", mais sans insistance. Circulation anarchique dans les villes. Comme dans tous les pays d'Afrique noire, il faut tout négocier.

LES PLUS : Population serviable. Pas de problème de sécurité dans les campagnes*. Les enfants sont gentils et ne réclament pas sauf dans quelques lieux touristiques. Un seul contrôle routier entre Kribi et  Yaoundé  (info pour les voyageurs qui sont passés avant nous et qui ont eu moins de chance).  Enormément de choses à découvrir au Cameroun, paysages très variés, nombreuses ethnies, un beau pays. Belles plages de sable et mer chaude.


* Lorsque je dis qu'il n'y a pas de problème de sécurité dans les campagnes, il n'y en a pas non plus dans les villes, mais évidemment, il faut rester vigilant comme dans toutes les grandes villes du monde. Nous sommes des portes-monnaies ambulants. Pas question de bivouaquer n'importe où et de circuler seul la nuit dans certains quartiers. En fonction des évènements politique extérieurs, la situation peut changer très rapidement. Valable pour tous les pays d'Afrique visités.

Au Cameroun, grâce à sa situation géographique, tout pousse facilement. La population n' a donc pas de problème alimentaire et le pays est moins pauvre que ceux que nous venons de visiter.

Jeudi 11 mai, nous quittons le Cameroun pour le Gabon. Les formalités de sortie s'effectuent en quelques minutes et gratuitement. La seule chose importante, c'est qu'ils tamponnent  notre carnet de passage en douane, le reste, on s'en fout.
 
                                                                         le voyage se poursuit au GABON