KALIMANTAN
Superficie ile de BORNEO : 743 000 km² (1,5 fois la France)
Population Kalimantan : 17 millions d'hab.
___ Parcours
Lundi 31 octobre 2022 Nuageux et chaud, 30°
Nous entrons en Indonésie par le poste frontière d'Entikong. Les douaniers sont plus pointilleux et les formalités durent un peu - environ 2 h - mais tout se passe dans la bonne humeur. (voir page pratique). Il faut dire que les visas ne sont payables qu'en Ringgit (qu'on a plus) ou en Roupies Indo (qu'on a pas encore) !!! Devant notre désarroi, un douanier consent à nous changer quelques us $ - ça nous sauve la mise.
A première vue, les routes sont moins bien entretenues, les cyclomoteurs plus nombreux et l'habitat plus sommaire.
Sacré contraste après la Malaisie Sarawak, car au fil des kilomètres, la première impression se confirme.
Dans les villages, les maisons sont rudimentaires, les magasins de guingois, les parkings non stabilisés et les trottoirs inexistants. Heureusement, il y a les petites superettes "Alfa mart" ou Indo-maret qui nous sauve la mise !
Quant aux poubelles, elles ont disparu, mais pas les déchets qui jonchent le sol - et nous, on fait comment avec les nôtres - on fait comme eux, on les jette dans l'eau !
Les églises sont nombreuses et bien entretenues, quant au stade foot, situé entre l deux églises, c'est un vrai bourbier !.
Les autoroutes aussi ont disparu au profit de routes sont souvent étroites, La Trans - Kalimantan, c'est des centaines de kilomètres de montagnes Russes avec des virages à 90° en bas de descentes vertigineuses, des passages de ponts "saute mouton" et des chiens errants qui traversent juste devant le camion !
A l'étape, il nous faut quelques minutes pour se "stabiliser", un peu comme un marin qui met pied à terre après une tempête !
Pas facile de trouver de bons bivouacs - la végétation envahi la moindre parcelle - les maisons sont souvent construites sur pilotis au ras des routes et dans les quelques villages que nous traversons, les bas côtés sont boueux et les places publiques n'existent pas !.
Reste quelques parkings stabilisés, les terrains de foot accessibles (non boueux) et parfois une place ou deux près d'une église.
Ce matin, les enfants traversent le terrain de foot pour aller à l'école - au début ils restent au loin, mais ensuite, c'est la bousculade pour la visite !
Habitat traditionnel
Traditional Dayak Longhouses et greniers
Greniers
Dans les régions d'exploitation du palmier à huile, la circulation est dangereuse à cause des nombreuses motos et camions qui y circulent à vive allure. Et lorsqu'il y a des trous (voir des "baignoires"), les camions zigzaguent dans tous les sens pour les éviter !
En effet la principale activité de la région (sinon la seule) est l'exploitation du palmier à huile, alors si vous voulez soutenir les villageois, mangez du nutella !!!
On se demandent bien à quoi servent ces gros bâtiments - il y en a des centaines !!! Greniers, séchoirs, élevages, mais de quoi - ce qui est sur, c'est qu'il vaut mieux ne pas bivouaquer trop près parce que ça paille à l'intérieur !
Ce matin, en les voyant tournoyer au dessus de nos têtes, on a trouvé - ce sont des nids de salanganes, des nids qui valent de l'or. Souvent appelés "nids d'hirondelle blancs", car constitués de salive presque pure, ils sont revendus aux Chinois qui les utilisent pour préparer des soupes aux prétendues vertus aphrodisiaques.
Jeudi 3 novembre 2022 temps nuageux, averse, 30°/ 25° la nuit
Après 700 kilomètres de route dont le dernier tronçon est complètement pourri, nous arrivons à Pangkalan Bun, la grande ville du Sud / Ouest du Kalimantan.
Quelques provisions, recharge de la carte SIM et retrait d'argent dans un ATM.
Nous rejoignons la promenade en planches qui borde la Sungai Arut river, "pour goûter l'ambiance d'un village sans béton" nous précise le guide, mais en raison des inondations, la passerelle est sous l'eau ainsi que toutes maisons basses construites sur pilotis. (1 m d'eau nous disent les villageois).
Mais si nous venons dans cette région, c'est pour rejoindre Kumai village, d'où partent les excursions en bateau dans le Tangung Puting National Park et observer les Orangs-outans et autres mammifères. Vu de la rivière, le village est complètement défiguré par les hangars à nids d'hirondelles.
Majid et Liesa - avec qui nous traitons une "wildlife cruise" de 3 jours / 2 nuits,(v. page pratique) - nous trouvent un stationnement et nous proposent très gentiment de venir prendre le thé, le café et/ou la douche dans leur petit hôtel.
Du samedi 5 au lundi 7 novembre 2022
Samedi 9h30, embarquement au port de Kumai. Nous pensions partager une "croisière luxe", mais en fait nous sommes seuls sur notre "Klotok" standard (appelé ainsi à cause du moteur qui fait "tok-tok-tok). Nous sommes en basse saison et les plus gros bateaux ne circulent pas.
Au rez de chaussée, dans son poste de pilotage rudimentaire et un jeu monstre dans la timonerie (des cordes distendues relient la barre au gouvernail), le capitaine fait des miracles lorsqu'il s'agit de se mettre à couple avec d'autres bateaux. Malgré sa toute petite cuisine, la cuisinière, toujours gaie, nous prépare de succulents repas...
Sur le pont supérieur, au grand air, notre salon - salle à manger - chambre avec moustiquaire pour la nuit.
Nous quittons rapidement la Kumai river et naviguons de nombreuses heures sur la Sungai Sekonyer river. La couleur marron de la Kumai (due à l'extraction minière en amont), devient "thé" sur la Sungai Sekonyer, couleur typique des voies navigables marécageuses de tourbières. Pas très appétissant lorsque l'on voit la cuisinière faire la vaisselle avec !
Lorsque nous arrivons à Tanjung Harapan, de nombreux klotoks sont déjà amarrés - heureusement que nous sommes en basse saison !
Ne vous y trompez pas, rencontrer des orangs-outans au hasard d'une balade en forêt, relève de la chance, même si ça nous est déjà arrivé au Sabah Bornéo. Le plus sur moyen de les observer, c'est de faire halte aux plateformes de nourrissage. Une à deux fois par jour, à des heures bien précises, les rangers appellent les primates et déposent des piles de bananes et des bassines de lait de soja destinés à les alimenter.
Pas de cage ou de clôture, uniquement une corde pour maintenir les visiteurs à distance - une distance souvent ignorée des orangs-outans qui déambulent tranquillement au milieu des visiteurs. Aucune agressivité, aucune envie de chaparder, ils nous ignorent tout simplement - et tant mieux !
En fin d'après midi, courte navigation pour aller voir les nasiques, les singes arboricoles à longs nez, race endémique de Bornéo.
En route pour le prochain camp, nous croisons de nombreuses pirogues qui rentrent dans leurs villages ainsi que quelques klotoks à la recherche d'un bivouac - mais la nuit tombe vite sous les tropiques et il fait nuit noire lorsque nous nous amarrons aux plantes aquatiques pour y passer la nuit - les moustiques se régalent - nous pas trop !!!
Petit déjeuner à 7h et départ immédiat pour 2 heures de tok-tok-tok - tok...qui commence à nous casser les oreilles !
Aujourd'hui nous visiterons les aires de nourrissage de Pondok Tanggui et de Leakey Camp, la station de recherche d'origine toujours en activité.
Lorsque nous arrivons sur la passerelle, un gros mâle en bloque l'accès. Il nous regarde d'un air absent, en se demandant bien pourquoi nous n'avançons pas !!! Après quelques hésitations, nous passons à quelques centimètres de lui sans que cela suscite le moindre étonnement de ce bon vieux gros.
Sur notre "route", quelques singes à longue queue qui essaient de chaparder les victuailles laissées sans surveillance sur les bateaux.
A Leakey Camp, beaucoup de mamans avec leurs petit.
hum, c'est bon le lait de soja !
Mais l'orage gronde, on enfile les capes de pluie juste à temps - on marche sur les bords du chemin qui commence à être humide - la pluie redouble - il pleut des cordes - le sentier s'est transformé en ruisseau, plus la peine de faire attention, nous sommes trempés jusqu'aux os ! En arrivant au bateau, le guide me demande si je veux prendre une douche - il a le mot pour rire !!!! Il pleuvra averse une bonne partie de la nuit
Au petit matin, navigation sous un soleil de plomb - nous en profitons pour faire sécher vêtements, chaussures et sacs à dos.
Visite de Sungai Sekonyer village sur le chemin du retour
Mardi 8 novembre 2022, pluie ne soirée
Nous faisons quelques courses et reprenons la route, mais avec tous ces camions et quelques tronçons pourris, la moyenne n'est pas très élevée.
Et il ne faut pas oublier de faire le plein dès que possible - les stations ne sont pas toujours bien approvisionnées - 2 rangées de camions plus une trentaine qui attendent sur le bas côté !
Dans la matinée, au moment d'une forte accélération pour doubler un camion, un bruit bizarre et le voyant moteur qui s'allume ! Ca veut dire "mode dégradé" dans quelques dizaines de kilomètres .... et nous sommes à 900 kms d'une grande ville ! Heureusement, avec mon diag "maxiécu 2", j'arrive rapidement à supprimer le défaut (qualité du gasoil ?).
Motos magasin - station service - cantine
Bivouac sur le parking du stade de Sampi - l'idée parait bonne, mais entre les "apprentis" musiciens et la fête foraine, la soirée risque d'être animée - pas pour longtemps - l'averse quotidienne nous sera salutaire !
Jeudi 10 novembre 34° / 25° ciel bleu le matin, couvert ensuite
Bon anniversaire Florence, on pense à toi - plein de bisous.
Aujourd'hui, nous sommes parti de très bonne heure - on comptait s'avancer un peu - mais la route est en mauvais état, la circulation infernale - je dois sans arrêt me déporter sur la droite pour que Claude me dise si je peux doubler, ensuite je déboite et je décide si c'est jouable ou non !
Avec la tension et l'attention, lorsque nous arrivons à Banjarmasin, nous n'avons fait que 225 kms, mais nos sommes crevés ! Bivouac sur un parking au bord du fleuve.
Ville moderne avec ses vieux quartiers le long du fleuve.
Art Week
Aujourd'hui, pour la clôture du festival "Art Week", nous assistons à une exhibition. Le filles veulent des photos avec nous, alors on en profite aussi ! Même Nanang M. Yus, l'artiste peintre nous fait poser - peut être sera-t-on sur sa prochaine toile !!!
Ce matin, départ à 6 heures pour le "floating market. Des centaines de maisons sur pilotis s'entassent le long du fleuve que nous remontons sur 7 ou 8 kilomètres. Si certaines paraissent confortables, de nombreuses autres sont sur le point de couler !
Le fleuve, couleur café, sert aussi bien de toilettes, pour la toilette, la vaisselle et la lessive ! Quant aux ordures, il suffit de les mettre dans un sac plastique qui flotte au gré des flots - sauf que lorsqu'elles arrivent au pont, elles s'amassent et forme un bouchon (avec les végétaux) que les employés municipaux tentent de faire sauter !
Après une heure de navigation, lorsque nous arrivons au "Floating market", des dizaines de pirogues, conduites par des femmes, se ruent sur notre bateau pour nous vendre fruits, légumes, T-shirts et autres objets de pacotille - et la scène recommence dès qu'autre bateau apparait. Ca pagaie, ça se bouscule, ça gesticule - c'est à qui arrivera la première - mais aucune agressivité, tout se fait avec le sourire et les rares vendeuses qui parlent quelques mots d'anglais échangent avec nous. Un marché flottant comme nous n'en avions jamais vu !!!
Nous reprenons la route pour Balikpapan d'où nous devons embarquer sur un ferry pour l'ile de Sulawesi. Je ne profite pas beaucoup des agréables paysages de campagne car la route est très étroite et sinueuse et je dois rester très concentré - il faut sans arrêt mordre les bas côtés lors des croisements et le riz que les paysans étalent sur le bord de la chaussée pour le faire sécher, n'arrange rien !!!!
Des ponts, nous en traversons des dizaines. Les routes d'accès, construites sur des marécages, se sont souvent affaissée et le Sprinter fait des sauts de cabri - à l'étape, il faut ramasser tous les objets qui se sont éparpillés.
Ah, j'oubliais il y a aussi les quêtrices, micro à la main, installées au milieu de la chaussée - devant les mosquées - avec leurs épuisettes attrapent billets ! Elles n'ont pas froid aux yeux, mais souvent chaud aux fesses !!!
Lundi 14 novembre 2022
Bivouac au bord de la plage de Kérama à Balikpapan. Demain matin 7 heures, nous embarquons sur le ferry pour rejoindre Pare Pare à Sulawesi - la grande ile au Sud Est de Bornéo - mais d'abord, nous allons devoir "dévaliser" quelques ATM pour régler la facture - 5 000 000 R alors que les ATM ne distribuent que 1 250 000 R à la fois (80 €). Heureusement, il y en a plein les rues !
Mardi 15 novembre 2022, navigation vers Sulawesi
Nous nous présentons au port à 5 h, trop tôt, le bateau pour Surabaya, n'est pas encore parti - retour, à 6h, on embarque à 8h et on lève l'ancre à 10h - ici, les horaires sont élastiques ! mer calme, 20h de traversée.
Même si l'aménagement du KM Kirana n'est pas "classe internationale"; l'accueil est au "top". Est-ce parce que nous sommes les seuls "blancs" à bord, toujours est-il que nous sommes chaleureusement accueilli par le capitaine qui nous fait même la visite !
Séjour au Kalimantan : 16 jours. Cumul depuis départ Asie : 642 jours
Parcours total Indonésie : 1800 km. Cumul depuis le départ Asie le 3 oct 2016 : 51 800 km. (82400 compteur)
Les moins : Le muezzin dès 4h du matin - les moustiques - les longues distances et les routes à "trous" + les camions - les nids d'hirondelles qui défigurent tous les villages - les stations sans carburant - les bivouacs pourris -
Les plus : L'accueil et le sourire des gens, font d'énormes efforts pour nous rendre service ou comprendre ce qu'on veut alors qu'ils ne parlent pas anglais - les orangs-outans - le marché flottant de Banjarmasin.
SULAWESI
Population Sulawesi : 19 millions d'habitants
Superficie : 180 000 km² (soit 1/3 de la France)
Sommet : Rantemario : 3478 m
___ Parcours
Mercredi 16 novembre 2022 beau temps
Débarquement à 6h à Pare Pare, petite ville vallonnée "à la campagne".
Petit déjeuner sur la côte et direction l'immigration pour faire renouveler nos visas (V. page pratique). Pas de problème, un sympathique agent de l'immigration nous renouvelle les visas pour 30 jours. En sortant du bureau, avec Claude, on se fait la même réflexion - nous aurions du rester quelques jours de plus en Malaisie - eh oui, nos visas (30 + 30 jours) expirent le 29 décembre, en pleine fêtes de Noel, au moment où les vols et les hébergements sont les plus chers - parce que la seule solution pour avoir de nouveaux visas (30 + 30), c'est de quitter l'Indonésie pour quelques jours - Singapour par exemple, intéressant et pas loin - et d'y revenir ! Gymnastique à faire tous les 2 mois !
Nous quittons Pare Pare vers le nord - la campagne est sympathique et les rizières magnifiques.
Lorsque nous roulons - lentement car les routes sont minuscules - ce sont sans arrêt des "Hello Mister" et dès qu'on s'arrête prendre la photo d'une maison - les habitants, surtout les femmes - nous invitent à rentrer, à prendre une verre et bien sûr à faire une (des) photo de "famille".
Construites en bois, les maisons sont coquettes - façades travaillées, peintures décoratives, jardins fleuris et l'inévitable cage à oiseaux.
Nous nous arrêtons de bonne heure "à la plage" comme dit Claude - on dirait plutôt un petit village de pêcheurs - pour nous reposer, car entre l'embarquement et la classe "dure" sur le bateau, les 2 dernières nuits ont été courtes - mais les habitants veulent voir notre drôle d'engin et discuter avec nous, même si personne ne parle anglais et faire quelques photos.
Nous attaquons la montagne. Paysages spectaculaires où se mêlent rivières, rizières, palmiers, bananiers, cultures maraichères et villages fleuris.
Aujourd'hui, avec les routes pourries et tortueuses plus quelques tronçons tout-terrain la moyenne n'a pas dépassé 22 km / h - c'est pas grave, cela me permet d'admirer les paysages.
Restoroute
Bivouac à Matua où Kadi, le responsable du "water boum" nous accueille gentiment - un incroyable centre nautique dans une région paumée !
Vendredi 18 novembre 2022 pluie, éclaircie en fin de journée - Alt 700 m 25° / 20°
Dans la montagne (700m), les températures sont plus fraiches, il faut ressortir la couette.
Nous arrivons au Pays Toraja (Tana Toraja) - Situé au cœur des montagnes du Sud de la Sulawesi, le Pays Toraja est une région unique en son genre, de par son peuple, son architecture et ses rites funéraires - une des cultures traditionnelles les plus fascinantes d'Indonésie.
Rantepao et Makele plus au sud sont les 2 emplacements des autorités gouvernementales. Rantepao, ville de 27 000 habitants ressemble à un village qui aurait grandi trop vite - commerces au bord des rues, aucune place, aucun parking et des voitures plein les rues ! Rencontre avec Anis un guide francophone qui nous propose une rue calme proche du stade pour le bivouac.
Au marché de Rantepao les étales et les brouettes regorgent de marchandises.
Mais c'est aussi au marché de Rantepao que des centaines de cochons et de buffles attendent leur triste sort. En attendant, ils y sont rafraichis, lavés et shampouinés - pas étonnant lorsque l'on sait qu'un buffle "star" peut se vendre jusqu'à 20 000 €. Chez les Toraja, ce sont les cochons et les buffles sacrifiés lors de la cérémonie funéraire qui les accompagnent après la mort. Les cochons accompagnent l’âme du défunt et les buffles poussent les portes du paradis.
Les Toraja, une ethnie d'environ 650 000 personnes sont majoritairement chrétiens, mais aussi animistes suivant des croyances qui suivent "la voie des ancêtres".
Ici, la foi est bien vivace, Il y a églises partout, même dans le moindre village ou hameau - certaines, aux formes élancées ressemblent plus à des cathédrales que des églises. Ici le coq Gaulois est bien représenté.
La caractéristique la plus remarquable du pays Toraja est la taille et l'architecture des "tongkonan" - maisons traditionnelles. Si les petits Tongkonan servent de corbillards, les Tongkonan à 6 piliers (lisses, pour ne pas que les rats y grimpent)servent de greniers à céréales.
Les plus grands servent de maisons d'habitation et même si aujourd'hui les Toraja préfèrent des maisons modernes, ils construisent toujours des grands Tongkonan qu'ils utilisent lors de cérémonies - forts nombreuses en pays Toraja.
Le haut toit relevé à chaque extrémité en est l'élément essentiel. Certains pensent qu'il représente les cornes d'un buffle, (animal essentiel dans les funérailles Toraja) d'autres la poupe et le proue d'un bateau avec lesquels seraient arrivés leurs ancêtres. La façade est ornée de cornes de buffles ou autres animaux sacrifiés lors des funérailles.
Les Toraja croient que l'on peut emporter des biens dans l'au delà, leurs défunts sont ainsi enterrés accompagnés de nombreux objets. Suite aux pillage des tombes traditionnelles, les Toraja les plus nobles embaument leurs morts et les conservent dans des caveaux fermé à clé ou des grottes inaccessibles.
Malgré un temps incertain, nous rejoignons le site funéraire de Lemo. Les routes ne sont pas bien larges pour notre "gros véhicule", mais la circulation est faible et les distances assez courtes. Leur parking plat et tranquille nous accueillera pour la nuit.
D'autres Toraja ont commencé à cacher leurs morts dans des falaises creusées par des artisans, dans lesquels les cercueils sont profondément enfouis.
Des "tau tau" (effigies en bois) ornent des balcons taillés dans la roche devant les grottes. les "tau tau" symbolisent la vie après la mort.
A Londa, une immense grotte funéraire abrite les corps ou les cercueils du même clan. Les membres des classes supérieures reposent dans des cercueils suspendus sur la façade de la falaise, certains à hauteur vertigineuse - les pillards en seront pour leurs frais !.
Des Tau tau montent la garde depuis un balcon au dessus de l'entrée.
A l'intérieur de la falaise, un boyau de plusieurs centaines de mètres accueille les défunts du peuple, avec ou sans cercueil.
Attention, ça mort ......mais lui offrir des cigarettes, c'est vouloir le faire mourir une deuxième fois !
A quelques kilomètres, le village de Ké té Kesu aligne 6 majestueux Tongkonan en face desquels s'alignent une dizaine de greniers à céréales.
Resto local
A notre goût, la région est un peu trop arrosée, mais pour les Toraja, c'est une aubaine, tout pousse facilement : riz, maïs, haricots, avocats... quant aux fruits : papayes, cabosses (cacao), jacques, pamplemousses, café, bananes, etc, ils poussent tellement partout sans être cultivés qu'il n'est pas toujours évident d'en acheter.
Aujourd'hui, catastrophe - j'ai glissé et je me suis démonté l'épaule gauche (je suis gaucher) en voulant me récupérer, alors que je commence seulement à me remettre du même accident survenu à l'épaule droite au mois de mai dernier (glissade au bord de la piscine). Nous allons patienter quelques jours pour voir si je peux toujours conduire - autrement, ça risque de bouleverser nos plans ! Claude peut prendre le volant quelques jours, mais elle n'aime pas trop, surtout sur les routes sinueuses, vallonnées, étroites et remplies de motos et de camions.
Lundi 21 novembre 2022 alt 1400 m; Beau temps, 25°
Les Toraja après la mort. Les Toraja sont chrétiens mais observent aussi de nombreux rites animistes. Aujourd'hui, Anis notre guide et son chauffeur nous conduisent dans la montagne pour assister à des funérailles. Pour les Toraja, les funérailles sont très importantes, car elles permettrons de conduire l'âme au paradis.
Nous grimpons dans la montagne par des routes et des pistes impossibles - avec une berline Toyota - l'accès à la cérémonie est tellement compliqué que le chauffeur doit demander son chemin à plusieurs reprises et faire des demi tours scabreux.
Comme tous les invités doivent finir le chemin à pied, la famille du défunt a même amélioré le chemin d'accès en installant des planches, des bambous et en taillant des marches dans la terre.
Tout au long de la cérémonie, nous constaterons que tout a été pensé, préparé, et organisé avec rigueur.
Autour de l'habitation du paysan, ont été aménagées de nombreuses plateformes sur pilotis en bambou - avec toiture, tapis et groupe électrogène pour la lumière et la sono - qui permettent de recevoir 2 ou 300 invités - famille, voisins, amis - plus il y a de monde, plus le défunt est bien entouré.
Pour assister à la cérémonie, les invités doivent être habillés de vêtements sombre et faire une offrande à la famille du défunt - cartouche de cigarettes pour les touristes, cochons ou buffles pour les locaux.
Selon la taille et la caste de la famille, la cérémonie peut durer jusqu' à une semaine, mais 3 jours généralement.
1er jour : (C'est à cette journée que nous assistons) accueil des invités qui présentent leurs offrandes - buffles ou cochons - sacrifice d'animaux, danses, chants, sortie du cercueil de la maison d'habitation et exposition au public - prières et chants religieux.
Puis distribution de nourriture aux invités (boissons, légumes, riz et papillons (buffle cuit dans des bambous). A la fin du repas, distribution de sacs plastiques pour que les invités emporte les restes (très nombreux). Beaucoup de gaspille quand même, la viande, coupée à la hache se mélange avec les os et de nombreux morceaux restent à la merci des mouches sur la plateforme de découpe.
2ième jour : combat de buffles que l'on fini par achever - la viande est alors distribuée aux invités, aux nobles et aux restaurants. Le nombre d'animaux sacrifiés dépend du statut et de la richesse de la famille.
3ième jour : grande procession et accompagnement du défunt jusqu'à sa dernière demeure : caveau familial taillé dans une falaise (ou une grotte naturelle) ou caveau moderne.
Les cérémonies funéraires coûtent très chères, au moins 10 000€ (nourriture des invités , construction des plateformes, achat de buffles et de cochons…) - un buffle coûte de 2000 € à 20 000 € pour un albinos. C'est l'âme du buffle qui accompagne l'âme du mort au paradis - plus il y a de buffles sacrifiés, plus l'âme du mort sera bien accompagnée.
Des morts qui mangent et qui fument !
Notre défunt est mort depuis plus d'un an, mais les funérailles n'ont lieu qu'aujourd'hui, c'est le temps qu'il aura fallu à la famille pour économiser assez d'argent et organiser de "belles" funérailles. En attendant, le corps - qui a été embaumé (momifié) - reste avec la famille qui dort, mange, fume et discute avec lui, un peu comme si la personne était malade, mais toujours vivante.
Chaque année au mois d'aout - ou tous les 2 ou 3 ans selon la disponibilité des familles, à lieu le "manéné" - cérémonies où les corps sont extraits des caveaux, emmenés chez eux pour être lavés, rhabillés de pied en cape - vêtements neufs, chapeaux, lunettes, etc - avant d'être raccompagnés dans leurs caveaux.
A Sulawesi, le Pays Toraja est le seul endroit où la tradition mégalithique est encore vivante et représente un maillon dans certaines cérémonies funéraires. Une fois les sacrifices d’usage accomplis, le cortège passera par des champs de menhirs avant l’inhumation. Ces pierres sont dressées en mémoire de nobles ou personnages importants et aisés. Cela représente un long travail de préparation - trouver le bon bloc dans la montagne, le tailler, le rouler ou le tracter par la force de centaines d’hommes et de buffles et enfin l’ériger. C’est à lui que seront attachés les vingt-quatre buffles à abattre pour cette étape vers le "puya", le paradis du peuple Toraja.
Kalimbuang Bori.
Baby grave à Pana'. Les bébés morts, (fœtus ou bébés qui n'ont pas encore de dents), considérés comme purs, sont déposés dans une cavité (naturelle ou creusée) du tronc d'un banian et recouvert de feuilles de palmier. Lorsque l'on entaille un banian, il s'écoule un "lait blanc" - celui de la mère - qui nourrit le bébé. Les Toraja pensent que l'arbre absorbera leur corps et leur esprit qui continuerons à grandir ensemble. Avec le temps, lorsque l'arbre grimpera jusqu'au ciel, l'âme de l'enfant rejoindra le paradis.
Mercredi 23 novembre 2022 soleil le matin, couvert ensuite
Aujourd'hui, comme le ciel est dégagé, nous louons une moto pour aller faire un tour vers Batutumonga, dans les rizières au Nord de Rantepao.
Dans la campagne, de nombreux Tongkonan sont toujours habités, quant aux greniers, il y en a des centaines.
Jeudi 24 novembre 2022 Ciel bleu. Altitude 0 m 32° / 25°
Je pensais que nous continuerions vers le Nord jusqu'au Parc de Lore Lindu pour y découvrir les visages de pierre sculptés dans des mégalithes, mais vu la distance, (environ 1000 km A/R) l'état des routes et ma blessure à l'épaule, il n'en est plus question. Nous reprenons donc la route vers le Sud. Après avoir passé un col à 1100 m, la route descend en lacets serrés jusqu'au niveau de la mer. Lorsque l'on voit le panneau Hati Hati, (danger) - on le voit très souvent - c'est que la route est défoncée, en travaux ou bien effondrée ! Mais pas de problème pour nous qui suivons le bus, face a lui, tout le monde se sert ou s'arrête pour nous laisser passer !
Claude me dit : prend cette route, ce soir on bivouaque à la plage - en fait nous arrivons à un port industriel - raté - deuxième essai - mieux - nous arrivons vers un port de pêche. Toujours aussi sympa, des gens m'invitent à boire le café et manger les chips de manioc à la terrasse au dessus de la mer.
20 heures, l'orage gronde, les cantinières plient bagages, mes "amis" rentrent chez eux - tout est calme. Une heure du matin - des cris, des applaudissements - quelques jeunes sont revenus voir les matchs de foot de la coupe du monde à la télé - à 5 heures, lorsqu'ils repartent, notre nuit est foutue !
Heureusement, aujourd'hui on se rattrape. Nous passons 2 journées sur la plage de Marek, un vaste terrain où les Indonésiens viennent faire trempette (tout habillés), pique niquer ou jouer au foot.
A marée basse, on peut même marcher jusqu'à l'ilot d'en face en traversant des champs de coraux mis à nu.
J'en profite pour continuer la remise en état : graissage des écrous de roues, dérouiller le spot "inox" et recoller le ciel de toit.
Dimanche 27 novembre 2022
Nous avons beaucoup de visite, et aujourd'hui c'est l'anniversaire de Léon (notre petit fils), alors j'improvise une chorale et leur fait chanter "Happy Birthday Léon" - ça chante et ça rigole !
Bon anniversaire Léon, 7 ans aujourd'hui. On te fait plein de gros bisous ... et tu sais ce que mémé veut te dire !
"Ecrase" les doucement avec ton Monster Truck
En route pour Bira, route pourrie, rizières et cactus où pousse les fruits du dragon.
Panneaux routiers - mais que désigne le dernier ?
Mardi 29 novembre 2022 32° / 25° ciel bleu - passages nuageux l'après midi.
Dimanche midi, dès notre arrivée au port de Bira, nous prenons les infos pour embarquer sur le ferry "asdp" qui rejoint Labuan Bajo sur l'ile de Florès. Il n'y en a plus qu'un par semaine et celui qui part demain est complet - discussion avec Google translate - on a beau insister, rien à faire ! Prochain bateau lundi 5 décembre, et pas moyen de réserver, mais ils nous garantissent qu'on aura une place !
Sur le port, on rencontre Jean, un plongeur retraité qui vit à Bira une bonne partie de l'année. Il a armé un bateau de plus de 20 m pour aller se balader vers les iles avoisinantes - un boulot de fous - apéro et repas chez Jean et Linda.
Port de pêche et mer turquoise.
Ce matin, nous sommes partis de très bonne heure vers Makassar, la capitale de Sulawesi - 200 km / 4h30 - d'où opèrent d'autres compagnies. On aimerait bien trouver un ferry pour Bali afin de visiter Lombok, Sumbawa, Florès sans faire des allers retours inter iles, avant de laisser le Sprinter au Timor en janvier.
Chez "Pelni", ils desservent bien Bali, mais ne prennent que des passagers - mauvaise pioche - mais les employées nous informent que "Dharma Ferries" dessert aussi Bali. Les bureaux sont fermés et il y a un monde fou dans la rue - le personnel est en grève - jusqu'à quand - c'est comme en France, personne n'en sait rien !
Bivouac "bar à coco" sur la plage
Retour à la case départ - Pantai Panrang Luhu à Bira. En ce moment, la piste est un peu défoncée, mais lorsque les poubelles auront fini de boucher les trous, elle sera impeccable !
Pendant que Claude fait son patchwork, je répare le bas de caisse qui s'est décollé (ah, ces italiens) et fixe une languette sur le store afin que les fils électriques, souvent trop bas, ne s'accrochent pas.
Je crois qu'hier soir, j'ai mangé mes dernières crêpes "chantilly" (pas trouvé en Indonésie), mais ce soir les voisines nous ont apporté un menu gastronomique : "riz, pâtes, œufs poulet crevettes" !
5h30, il y a déjà un monde fou dans l'eau et dès 6 heures, les "Muslin en folie" : chantent, rient, crient , dansent et se tortillent le popotin..
Au bout de la plage, sous les falaises, un chantier construit d'immenses voiliers (Phinisi) traditionnels. Les Phinisi sont reconnus comme patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO depuis 2017.
Leurs seuls outils : un palan à chaine pour lever les plus grosses pièces, des perceuses, des raboteuses portatives et des tronçonneuses - le reste, c'est un métier d'hommes ! Le groupe ethnique Bugis du sud de Sulawesi, en particulier le peuple Konjo d'Ara, est connu comme maitres charpentiers qui construisent des phinisi de père en fils depuis des siècles sans aucun plan.
Lorsqu'ils font des coupes à la tronçonneuse, ils ont une telle dextérité qu'on croirait les pièces sorties d'une raboteuse - quant aux chaussures de sécurité, c'est pieds nus !
A part les membrures et quelques autres pièces, toute la quille, la coque et le pont sont faites en "bois de fer"- un bois très dur (densité 1,3, il coule). Ce bois est tellement lourd qu'ils doivent se mettre à six pour porter les planches qui sont mises à cintrer avant d'être assemblées pour former la coque.
Un grand phinisi de 30 m pèse plus de 300 tonnes et demande 2 ans de travaux (6 jours par semaine). (Le paquet de cigarettes donne l'échelle de la quille).
Pour la mise à l'eau, il suffit de disposer des bastaings graissés, de jeter une encre au large et de tirer avec le treuil à chaine, cm par cm - après10 jours d'effort le bateau flotte !!!
Les Bugis ont des croyances particulières et de l'abattage de l'arbre au lancement du bateau, cérémonies et offrandes accompagnent les différentes étapes.
Aujourd'hui, c'est le "baptême" de la quille. Pendant qu'un maitre de cérémonie récite des prières et bénit la quille, un menuisier fait une entaille dans la poutre centrale et y enfoui un morceau de crête du coq.
Puis les femmes préparent boissons et aliments que nous sommes tous convier à déguster.
Dimanche 4 décembre 2022 ciel bleu 32° / 24° la nuit
Nous venons de passer une agréable semaine sur la plage et normalement le ferry pour Labuan Bajo (ile de Florès) part demain. Nous rejoignons donc le port pour préparer notre départ : quelques courses, le plein d'eau chez Jean, la vidange des toilettes, la lessive et des retraits d'espèces aux ATM.
Pour l'argent, c'est un peu compliqué car tout se paye en espèces, même les billets de ferries à plusieurs millions alors que les machines ne délivrent que 2 x 1 250 000 Rp (2 x 80 €). Entre les plafonds de retrait / semaine, les machines qui ne délivrent rien et celles qui sont vides, il faut s'organiser à l'avance - heureusement, nous jonglons avec nos 2 cartes Visa pour arriver à nos fins !
Lundi 5 décembre 17h, nous sommes les premiers à nous présenter au guichet des billets, car ici pas de réservation possible - premier arrivé, premier servi. Bon ils commencent à nous connaitre depuis une semaine qu'on leur "tanne le cuir" (qu'on fait téléphoner les amis Indonésiens de Jean) et qu'ils nous voient passer.
17h30 on se présente au bateau, ils nous disent d'attendre 21 h pour embarquer alors que des dizaines de camions rentrent - Claude flippe - va négocier avec les "hommes en blanc", rien n'y fait !
On s'aperçoit en fait que les camions rentrent pour décharger des tonnes de marchandises - pommes de terres, oignons, maïs, choux, planches, poulets et coqs (qui chantent à 4h du matin) - et ressortent.
23 heures tout est (sur) chargé, marchandises, camions, pelleteuse, voitures et motos - il ne reste plus un cm² - c'est le départ.
Je monte sur le pont supérieur pour voir la place qu'il y a - en fait il n'y en a plus - le ferry ressemble à un "Boat people" - nous restons dans le Sprinter !
D'autres ont trouvé des places originales pour dormir - sur le toit de la moissonneuse à riz, sur les pommes de terre ou sur la pelleteuse !
Au moment du départ, on leur a demandé combien de temps durerait la navigation : 11 h - ça nous a paru bien court, mais enfin ! En fait, ils ont oublié de nous dire que nous ferions une escale sur la petite ile de pêcheur de Jempa qui se trouve à mi chemin de Labuan Bajo !
Joyeuses retrouvailles sur le quai, mais pour décharger, personnes, colis et motos, c'est la débrouille, il n'y a même pas une passerelle.
Pour charger c'est pareil, mais il faut transporter une centaine de ballots de 100 kg de poisson séché (tous avec la clope au bec) dans un bateau déjà bondé. Les porteurs doivent se débrouiller pour tout rentrer - ils déplacent des motos, poussent des cartons sous les camions et finissent par envahir les coursives. Coup de bol, la notre est à l'autre bout et reste dégagée.
Les moins : Le muezzin dès 4h du matin - personne ne parle l'anglais - les routes pourries + les motos qui zigzaguent - un ile immense. Ne pas pouvoir réserver le ferry à l'avance.
Les plus : L'accueil et le sourire des gens qui sont cools et patients - utilisent volontiers Google Translate pour nous répondre ou discuter avec nous. Le pays Toraja - les bivouacs sur la plage de Bira - La rencontre de Jean et Linda.
Séjour à Sulawesi : 21 jours. Cumul depuis départ Asie : 663 jours
Parcours total Sulawesi : 1200 km. Cumul depuis le départ Asie le 3 oct 2016 : 53 000 km. (83600 compteur)
Le 07 décembre 2022 le voyage se poursuit en INDONESIE 2